La douzième conférence Copelfi s’est tenue du 28 octobre au 4 novembre 2012 sur le thème : « Séparer un enfant : La souffrance et la nécessité, le placement et ses alternatives».
Elle a eu lieu en Israël comme tous les deux ans, en langue française sous les auspices de l’Ambassade de France, de la Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et de la Société Israélienne de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent.
Copelfi signifie :Association pour les COnférences de Psychiatrie de l’Enfant et de l’adolescent de Langue Française en Israël. Elle favorise depuis 1989, année de sa création, le partage d’expériences cliniques et thérapeutiques entre professionnels de la psychiatrie infanto-juvénile de France et d’Israël. Cette année-là, le Pr. Sam Tyano, rentré en Israël après une année passée à Paris au Centre Alfred Binet dans le service du Professeur S. Lebovici, et le Pr. Michel Vincent décidèrent de créer une association selon la loi de 1901. Le but de cette association est de permettre un échange et de promouvoir l’originalité des différents mouvements de la pédopsychiatrie française dans un pays jeune, curieux de tous les courants de pensée. Il permet aux professionnels français de la santé de découvrir un pays grâce aux rencontres confraternelles.
La douzième conférence a réuni une soixantaine de participants francophones. Ils ont découvert pendant une semaine, différents aspects de la pédopsychiatrie israélienne, dans des lieux différents par leur géographie comme Tel Aviv, Jérusalem, Beer Sheva mais aussi par leur spécificité : centre associatifs, , centres de consultation spécialisés, internat thérapeutique . L’accueil fut toujours chaleureux et les échanges de points de vue permirent des discussions approfondies après des présentations cliniques.
L’évolution actuelle de la psychiatrie est différente en France et en Israël. Les collègues israéliens ont eu tendance à se rapprocher de la psychiatrie nord-américaine tout en gardant une part de leurs racines européennes, aussi les confrontations franco- israéliennes ont une véritable originalité.
Le point culminant de ce voyage fut la conférence plénière du 29 octobre 2012 ouverte à tous les professionnels de la santé et de la petite enfance franco-israélienne.
Le thème « Séparer un enfant» avait été retenu du fait des nombreuses pistes qu’il explorait. Il permettait d’aborder le thème majeur de la protection de l’enfance par divers abords, nécessaires dans des situations familiales si complexes. Ce thème est au cœur du travail clinique des psychiatres, des psychologues et de tous les professionnels de l’enfance tout en étant à la croisée des questions de société. La plénière fut introduite par les présidents de Copelfi, Eric Ghozlan et du groupe d’études psychologiques et psychiatriques de langue française en Israël, le Dr Jocelyn Hattab,
sous la bienveillance du Pr Sam Tyano, président d’Honneur de l’Association Israélienne de Psychiatrie, et du Dr Marie-Michèle Bourrat, Présidente de la SFPEADA. Les travaux furent officiellement ouverts par les représentants de l’Ambassade de France qui ont accueillis chaleureusement tous les congressistes et ont assurés la continuité de cette entreprise d’échanges scientifiques entre nos deux pays.
Le premier exposé fut présenté par le Dr Gaby Weill (Beer Sheva, Israël) et le Dr Avigail Golomb (Tel Aviv, Israël) sur « Les considérations légales et éthiques sur le placement des enfants » . Le Dr Paul Marciano (Marseille) fut le discutant de cet exposé où il s’agissait de comprendre qu’à partir d’un même constat – nécessité de placer un enfant – quelle réponse la société donnait, en fonction de son histoire et de sa culture . Ce fut l’occasion au Dr Gaby Weill de présenter une structure d’accueil pour les enfants nécessitant un placement.
La discussion fut donnée à la salle puis une pause permit aux participants de multiples échanges et rencontres.
La deuxième partie de la matinée fut le rapport du Pr Maurice Berger (Saint-Etienne) où il traita le thème : « les séparations parents-enfants : buts aménagement des contacs, travail thérapeutique avec l’enfant », dont la discutante fut Mme Myriam Benatar (Israël). Il fit part de son expérience de 33 ans en insistant sur la nécessiter de donner à l’enfant un environnement sécure dans un premier temps . Il a insisté sur les conséquences des traumatismes relationnels précoces, sur la nécessité de leur prévention puis de leur traitement. Il nous a fait remarqué combien le corps et le psychisme de l’enfant inscrivait en eux la blessure du traumatisme, que les troubles se fixent rapidement avant deux ans et qu’une des conséquences est une sidération plus ou moins importante de la pensée. Ainsi , la prise en charge très précoce des enfants soumis aux troubles relationnels précoces est indispensable pour leur permettre d’échapper aux troubles neurologiques et psychiques décrits aussi bien cliniquement qu’à l’IRM(J.J.Heckman, 2007) .
Le Pr Maurice Berger a aussi introduit l’outil intitulé « Guide d’évaluation parentale » établi en fonction de l’âge des enfants ainsi que le dispositif d’écoute spécifique de l’enfant traumatisé.
Tous ces éléments ont fait prendre conscience que le travail de protection de l’enfance est une véritable spécialité qui nécessite des lois suffisamment protectrices dans chaque pays.
Ce rapport fut l’amorce d’une discussion très intéressante avec l’ensemble de la salle et a introduit la table ronde de l’après midi dont le thème fut : « La prise de décision de placement : Acte thérapeutique, acte légal » sous la présidence que Dr J. Hattab.
Mme R.Makayes, juge pour enfant en Israël, Maître M.Cohen-Hattab, Directrice des services de prise en charge à risque , Mr G.Pulver, directeur du centre des Coteaux de Jérusalem et le Dr M_M Bourrat, ont tour à tour pris la parole pour expliquer comment se faisait la décision d’un placement d’un enfant, selon leur point de vue. Le Dr A.Ksensée (Paris) a modéré l’ensemble de la table ronde tout en recevant les questions de la salle.
La synthèse de cette riche journée fut faite par le Dr G. Gachnochi, vice-président de Copelfi qui a remercié tous les congressistes de leur participation à cette commune réflexion ainsi que les organisateurs et tous ceux qui ont facilité la tenue de cette journée, particulièrment Fabienne Bensimon .
Le lendemain fut l’occasion pour le groupe Copelfi de visiter un centre d’urgence pour enfants à Tel Aviv dirigé par E.Avital et un internat thérapeutique Névé Tséhelim dirigé par Einat Gefen-Gal.
Le soir-même, le groupe Copelfi fut reçu très convivialement dans la résidence de l’ambassadeur, en compagnie d’autres scientifiques venus de France et des israéliens correspondants afin d’échanger et de poursuivre les coopérations entre nos deux pays. Nous tenons particulièrement à remercier….pour leur accueil.
Le groupe Copelfi a continué son voyage en visitant le lendemain l’institut Feuerstein de Jérusalem, spécialisé dans la prise en charge des enfants présentant des troubles des apprentissages de toutes origines. Puis nous nous sommes dirigé vers le sud où nous avons visité à Beer Sheva deux insitutions adaptés dans l’accueil des enfants. L’une est une association créée à l’origine par des français, à titre préventif essentiellement, l’autre à titre de la protection de l’enfance. Notre activité scientifique s’est terminé le vendredi par un symposium afin de présenter des travaux français sur ce même thème. Il fut présidé par Eric Ghozlan et modéré par le Dr L.Liberman-Goldenberg. Ainsi R.Josefsberg, directeur de la maison d’enfants Elie Wiesel de l’OSE, a présenté les premiers résultats sur « le devenir des enfants placés à l’OSE de 1970 à 2000 » . Le Pr.Yolanda Govindama , directrice du service Protection, Médiation, Prévention, nous a présenté ses recherches en cours. Mme M-C.Godefroy nous a parlé des « indications en placement familial » et enfin le Dr P.Prat a abordé le sujet délicat de la question du placement des enfants issus de parents malades.
-Conclusion.
L’intensité et la richesse des échanges pluriprofessionnels de cette conférence tant sur un plan historique, sociologique, clinique que conceptuel ainsi que la forte implication de l’ensemble de ses participants augurent bien de l’organisation de la prochaine conférence de Copelfi en Israël en 2014, dont le thème pressenti est celui de La Transmission.
LLG