Echo de la XIVème Conférence de COPELFI
Par Catherine Stef
Le 04/11/2016
Les XIVèmes Journées de COPELFI se sont déroulées du 26 octobre au 2 novembre 2016, comme un extraordinaire voyage dans les temps et les espaces inouïs d’Israël, ce pays qui offre un véritable work in progress permanent dans tous les domaines.
7 jours qui ont permis de dérouler un état des lieux, qui est aussi état des liens, dans une perspective à la fois clinique, éthique, politique, lecture sans cesse réactualisée de notre présent insaisissable à la lumière d’un passé effervescent, pour reprendre le terme de Shmuel Trigano, d’un passé originel, tel qu’il donne forme au futur dans un effort de transmission perpétuel.
Vaste gageure, mise en acte au moyen de conférences, d’exposés, de conversations, de débats, articulés aux visites qui nous ont fait passer de la vieille ville de Jérusalem au désert du Negev, en passant par la trépidante Tel-Aviv-Jaffo, au Musée Ytzak Rabin et à la maison du désert de Ben Gourion, aux anciennes mines de cuivre du Roi Salomon….. en un survol étourdissant de cette histoire en marche.
Etourdissant et d’une grande intensité, à l’instar de la clinique de l’enfant et de l’adolescent, qui était le thème de la rencontre, soit le thème de « l’être humain en devenir », jamais fixé toujours traumatisé, toujours à advenir : être humain considéré comme corps parlant, jouissant, désirant, demandant, aimant, sans toujours le savoir, affecté par l’angoisse, mais auquel la psychanalyse propose un « tu peux savoir ».
Je retiendrai pour ma part la rencontre avec l’association ELEM, qui a eu lieu le dernier jour, le 1er novembre, dans les locaux de l’Institution à BNEÏ BRAK. La réunion clinique était organisée par Caroline Nissan et son équipe, et portait sur le «Traitement de l’Adolescent sur Internet ».
Psychologue clinicienne d’orientation psychanalytique, Caroline Nissan travaille à la fois en libéral où elle reçoit adolescents et adultes et dans une institution pour adolescents qui s’appelle Elem.
Elem est la plus grande organisation en Israël qui soutienne les jeunes en difficulté, avec des projets couvrant tout le pays. Le projet pour lequel elle travaille est une plateforme internet qui s’appelle
« Y Elem » et qui existe depuis 12 ans. Caroline Nissan nous a présenté les principes de fonctionnement de l’équipe et du site, puis une intervenante de l’équipe a présenté un exemple clinique.
Très innovant, ce dispositif offre un cadre soigneusement défini, délimité, avec une formation qui est à la fois préalable et permanente, par les supervision individuelle et supervision d’équipe qui y sont proposées. Les rencontres avec les adolescents y sont anonymes et se font uniquement au moyen d’un « tchat », auquel on accède sur un site particulier protégé, où l’adolescent a la possibilité de s’entretenir par écrit exclusivement, avec un intervenant spécifique, pour une durée fixée, avec la possibilité d’inscrire les entretiens dans une durée. Pas de thérapie, encore moins de psychanalyse, mais une écoute attentive et encadrée, qui est donc en fait une lecture puisqu’il s’agit d’écrit, qui va à la rencontre de la souffrance et de la précarité, de l’isolement , au moyen d’une technologie qui est devenue en quelques années quasi universelle, et qui selon les intervenants d’ELEM, a pour effet de désinhiber la parole, et parfois de simplement raccrocher un jeune à la vie.
COPELFI se tourne déjà vers les prochaines journées, qui se tiendront en 2018, année particulière, puisque seront célébrés les 70 ans de la création de l’Etat d’Israël.
Quel que soit le thème retenu, gageons que nous serons nombreux à inscrire notre désir de contribuer à ces prochaines rencontres.