La transmission concerne de nombreux domaines scientifiques. Ce terme intéresse par exemple : la biologie génétique, la transmission d’un message, d’une maladie, d’une parenté, d’une identité. Cette diversité des contenus régis par la transmission, participa pour une large part à une certaine équivoque : ce concept apparaissait sans véritable fondement.
C’est la raison pour laquelle, pendant une longue période les cliniciens en pédopsychiatrie et en psychiatrie adulte lui ont préféré le terme de « terrain », « d’hérédité psychologique. »Les travaux des psychanalystes ont eu un rôle déterminant dans la prise en compte de l’importance de la transmission, en proposant un fondement au concept de transmission : le refoulé inconscient parental, ses impasses et les modalités de cette transmission. Nos travaux s’attacheront de même à la réinvention, la recréation, l’élaboration par l’enfant de la part transmise.
Les travaux des anthropologues et des sociologues contribuèrent, du moins dans les champs spécifiques de la pédopsychiatrie, à amplifier l’importance des découvertes psychanalytiques. Ainsi, depuis une trentaine d’années, ce concept semble avoir acquis une place importante, particulièrement dans le domaine des sciences humaines. Il revenait aux données cliniques observées par les psychologues d’enfant, les pédopsychiatres et d’une manière générale à chaque acteur du soin en pédopsychiatrie, de constater qu’un enfant sans être le « sujet » passif d’un environnement parental et social, ne pouvait à lui seul transformer et réinventer son développement personnel, la culture au cœur de laquelle se déploie son existence, le langage de ses parents, le savoir qui lui était transmis. Cette évidence s’affirmait de manière quelquefois contradictoire à une conception qui souligna l’importance du sujet qui devrait « réinventer » les savoirs, la culture. Cette présomption insistait sur le fait qu’il fallait rompre avec le passé, afin de détacher le sujet de tout le « conservatisme » de la tradition. Cet affranchissement, permettrait le déploiement d’une créativité libérée.
Au cœur de notre pratique et de nos réflexions, la psychanalyse et les psychanalystes d’enfant précisent avec les sociologues et les anthropologues, l’intérêt, l’importance des contenus de la transmission familiale, l’importance de la filiation et les modalités possibles de la construction des identités individuelles et psychosociales. Ces interrogations rencontrent à notre époque celles des débats sociaux qui interrogent la mémoire nationale à propos de la seconde guerre mondiale, la place de la Shoa dans l’histoire de l’être humain.
Les interventions qui jalonneront cette XIIIème conférence de Copelfi vont nous conduire, sur le chemin qui est celui de la construction des identités individuelles et collectives et la mémoire des groupes sociaux. Nous y rencontrerons, comme autant d’étapes les questions au cœur de la transmission : la famille, l’éducation et ses méthodes pédagogiques, les réinventions culturelles, la tradition religieuse et d’une manière essentielle, certains caractères de la dimension culturelle de la transmission.